Maiwenn Raynaudon-Kerzerho
Bretons : Vous dressez le constat d’une érosion du catholicisme. En 1950, 30 % des Français allaient à la messe le dimanche, ils ne sont plus que 4 % aujourd’hui. 95 % des enfants étaient baptisés, il n’y en a plus que 30 %. Devant ce déclin, vous estimez que vous ne pouvez pas rester simplement concentré sur vos recherches philosophiques savantes…
Denis Moreau : Plusieurs choses ont joué. J’évolue à l’université. Les études montrent que les universitaires sont une des catégories professionnelles où il y a le plus d’athées. Mes collègues sont très gentils avec moi, je n’ai jamais caché mon catholicisme et ça ne m’a jamais empêché de gravir tranquillement les échelons de la hiérarchie universitaire. Mais ils me trouvent bizarre. Alors que moi, je n’ai pas l’impression de l’être ! Il y a aussi cette phrase de saint Pierre, que je cite volontiers : “Vous devez toujours vous tenir prêts à rendre raison de l’espérance qui est en vous”. Troisièmement, quand on aime de belles idées, on veut les diffuser ! Les gens comprennent ça quand on parle d’un beau film, ils ont envie de le partager. C’est la même chose pour la religion : j’ai rencontré une belle chose dans ma vie, j’ai envie d’en parler. Et quatrièmement, c’est à cause de certains de mes coreligionnaires, qui m’énervent…
Vous parlez des cathos-grognons…
Ça, je n’en peux plus. Ce n’est jamais que la déclinaison catholique d’un sport national, grogner. Mais le catholicisme est une religion de la joie. Peut-être que, historiquement, ça ne l’a pas toujours été, mais ça devrait l’être. Je n’en peux plus de ces cathos qui passent leur temps à grogner, dont l’essentiel de l’activité consiste à être contre, à pétitionner pour interdire… Ce n’est pas possible ! Je n’en peux plus des gens qui, tous les ans, veulent interdire le Hellfest. Ce matin, j’ai lu dans Ouest-France que certains ont tenté de faire couper les subventions au centre LGBT de Nantes. Contre ça, je veux promouvoir un catholicisme affirmatif, qui propose au lieu de vouloir interdire, qui défend des idées au lieu de s’opposer à l’expression de celles des autres. Bien sûr, parfois, en défendant ses idées, on est conduit à s’opposer. C’est normal. Mais en étant d’abord affirmatif. C’est cette grognonnerie, cette forme de tristesse permanente qui a quand même, notamment vers la fin, accompagné la Manif pour tous…
(…) Retrouvez l’intégralité de cet entretien dans le magazine Bretons n°140 de mars 2018.
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