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Sébastien Le Fol: “Donner accès gratuitement aux articles de journaux a été une erreur fatale”

Directeur de la rédaction du Point, le journaliste d’origine morbihannaise analyse pour nous les difficultés auxquelles est confrontée la presse écrite face à une chute des ventes et à la concurrence d’Internet. Il revient aussi sur son lien indéfectible avec la Bretagne...

Bretons : Vous êtes né en région parisienne mais votre famille est originaire du Morbihan…

Sébastien Le Fol : Ma famille paternelle est Morbihannaise. Récemment, nous avons enterré notre doyenne, qui est morte centenaire, au Gorvello, un petit village à six kilomètres de Vannes. Mon père est né à Vannes. Mais il a quitté très jeune la Bretagne suite au divorce de ses parents. Il a été élevé par son oncle et sa tante rue Mouffetard, à Paris. Du côté de ma mère, je suis Bourbonnais. Je suis né à Saint-Mandé, dans le bois de Vincennes. Enfant et adolescent, je passais mes vacances chez ma grand-mère maternelle, dans un petit village de l’Allier. La Bretagne n’était pas dans le champ de vision familial. Nous avons passé quelques vacances dans les Côtes-d’Armor et le Finistère, dont ne m’est restée que l’odeur du purin ! Mais je n’ai pas été élevé dans le culte breton. Peut-être la Bretagne évoquait-t-elle de trop mauvais souvenirs à mon père. Il ne m’a guère parlé de son enfance. Il y avait une case manquante dans mon histoire familiale. Vers 14-15 ans, je me suis mis à lire tout ce que je pouvais trouver sur la Bretagne. À part Bécassine ! À l’âge où l’on se cherche une identité, je me suis tour à tour rêvé Surcouf, Le Balp, La Rouërie, Segalen, l’amiral Ronarc’h, le général de Bollardière, Glenmor, Tabarly… Aujourd’hui, j’ajouterais Jean-Yves Lafesse que je tiens pour un génie ! J’ai grandi dans un lotissement de la banlieue parisienne. Le samedi, j’avais le droit d’aller à Paris. À la gare Montparnasse, je m’arrêtais pour contempler les tableaux d’affichage : Vannes, Auray, Lorient… “Un jour, je prendrai des trains qui partent”, me disais-je, comme Antoine Blondin. Et le jour de mes 18 ans, j’ai pris un billet…

Aujourd’hui, diriger un news magazine, ce n’est pas rien. On peut énumérer les difficultés qui se présentent : la chute des ventes depuis une dizaine d’années, des fermetures de points de vente, les problèmes de la distribution, la concurrence d’Internet, etc.

Il m’arrive parfois de penser à ce que Philippe Tesson, un de mes modèles dans le métier, m’a dit en me remettant un prix pour l’un de mes articles : “Vous êtes un dinosaure”. Tesson faisait référence au journalisme littéraire que je pratiquais alors, en voie de disparition déjà à l’époque. À l’heure de Snapchat et d’Instagram, j’ai parfois l’impression d’être un dinosaure. Et pourtant, je n’ai que 43 ans ! Quand j’ai débuté dans le métier, nous n’avions pas de téléphone portable et je cherchais les références de livres sur Minitel. Je me souviens très bien du jour où l’on a installé Internet sur nos ordinateurs. Tout le monde pensait que cela serait un gadget éphémère. Peu de gens dans les journaux avaient pris la mesure de cette révolution technologique. Nous payons aujourd’hui le prix de cette absence d’anticipation. Donner accès gratuitement aux articles de journaux a été une erreur fatale. La gratuité est une supercherie. L’information a un coût. Au Point, nous n’avons pas réduit notre budget reportages. Mais rien n’est perdu. Le Point en est la preuve. En 2016, nous avons réussi à stabiliser nos ventes au numéro alors que des centaines de marchands de journaux ont mis la clé sous la porte. Parallèlement, nous développons une offre payante sur Internet. La progression du nombre de nos abonnés sur le numérique est très encourageante. Nous avons créé de nouvelles déclinaisons, Le Point Pop et Le Point Afrique, et nous venons de lancer un club d’idées, Phébé, qui propose à ses abonnés un cycle de conférences originales et une sélection hebdomadaire des meilleurs travaux universitaires dans le monde entier. Le slogan de Phébé est : Une idée d’avance.

 

(…) Retrouvez l’intégralité de cet entretien dans le magazine Bretons n°140 de mars 2018

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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