Bretons : Travailler dans un journal sans publicité, et donc complètement indépendant : était-ce important ? Ou auriez-vous pu dessiner pour un autre titre ?
René Pétillon : Non. Au Canard, différentes sensibilités peuvent s’exprimer. Il y a de tout : des gens de gauche, du centre, de droite. Il y a des libéraux, des marxistes. C’est ce qui fait l’intérêt du journal. Le Canard est par ailleurs attaché à des valeurs auxquelles je tiens vraiment : les libertés, la laïcité, etc. Le Canard a une fonction utile aujourd’hui.
Quelle est donc la fonction du Canard ?
Il est contre le bourrage de crâne, contre la langue de bois, contre les magouilleurs, les menteurs et les amnésiques, contre les inégalités sociales criantes, contre les abus de la finance… Le Canard est un journal indépendant. Il tape sur les puissants. Il ne craint ni les grands labos pharmaceutiques ni les grands patrons. Il peut tout se permettre. Nous jouissons d’une liberté totale. Le Canard se bat aussi beaucoup contre les salaires patronaux exorbitants et contre le monde de la finance qui, personnellement, m’indigne profondément. On en crève aujourd’hui, de la finance. Je ne me lasse pas de faire des dessins sur le sujet.
Pourquoi avoir décidé de mettre dix ans de dessins du Canard dans Un certain climat, votre dernier livre ?
J’ai envie de réduire un peu ma collaboration au Canard. Je voudrais travailler un peu moins pour me consacrer davantage à la BD. Cet album est une façon de clôturer un exercice qui aura duré vingt-quatre ans. C’est une sorte de bilan. Concrètement, cet été, je prends ma retraite du Canard.
Retrouvez la suite de cet entretien dans le magazine Bretons n°134 d’août-septembre 2017.